Le Festin de Babette [Édition Collector]

Sur la côte du Jutland vivent deux vieilles soeurs, Martine et Filippa, filles d’un pasteur autoritaire qui fut en son temps fondateur d’une secte locale. Un soir arrive au village une réfugiée française, envoyée par un ancien soupirant de Filippa. Elle s’appelle Babette et demande l’asile auprès des soeurs. Quatorze ans plus tard, la française est devenue leur fidèle servante. Un jour, elle gagne une somme importante à la loterie. Mais plutôt que de garder l’argent, Babette décide de chambouler les principes ascétiques de cette communauté en organisant un dîner fastueux, dans la grande tradition française…
Amélie Poulain avait une grand-mère. Son prénom : Babette. Exilée au Danemark après la Commune, dans un village protestant du Jutland, elle n’a qu’un seul souci : apporter du bonheur à cette communauté, le temps d’un fabuleux repas… Un miracle : pas d’autre mot pour qualifier ce « petit » film tiré d’une nouvelle de Karen Blixen, auteur d’Out of Africa. Cette très étonnante histoire permet au Franco-Danois Gabriel Axel de porter un regard attendri sur ce petit monde hors du monde. Mais là où le metteur en scène se montre étourdissant, c’est par la grâce infinie avec laquelle il filme Stéphane Audran dans le rôle titre : merveilleuse d’intelligence, d’humour, de finesse, jamais l’égérie de Chabrol – La Femme infidèle, Le Boucher, Betty – n’était apparue aussi rayonnante. En confectionnant son repas – cailles, soupes à la tortue, blinis, divins Bourgogne – elle redonne vie pour un soir à ces petits vieux, consumés par le temps et la morale. Exquis, divin et revigorant. Juste récompense : ce festin a obtenu l’oscar du meilleur film étranger en 1988. –Sylvain Lefort